Extrait : Un jour, Hermann ce jeune garçon beau, calme, discipliné et intelligent changea du tout au tout, Lui qui secrètement faisait la fierté de sa mère et lui en qui sa mère plaçait beaucoup d'espoir dans l'avenir devint brutalement son propre contraire. A présent, il se rebelle, se laisse pousser les cheveux et s'isole. Personne ne sait où il passe ses journées. Personne ne comprend. Alors on pense à une maladie mentale. Et comme il est d'usage de cacher les malades mentaux – quand on ne les supprime pas - , ses parents décident donc de l'envoyer se soigner chez les moines. Peut-être qu'une vie quasi ascétique le ramènera à la raison.''
Stéphanie DEL REGNO est la fondatrice des éditions La Vallée Heureuse et des éditions Sibylline. Auteure de plusieurs ouvrages documentaires, elle signe ici son premier roman ''CODEX GIGAS''.
Stéphanie DEL REGNO a décidé d'approfondir cette histoire pour le moins insolite que l'on doit à un moine copiste dont on ne sait en définitive que très peu de choses. Elle nous livre au fil des pages l'histoire qu'elle a imaginée, une histoire qui présente assurément des similitudes avec l'authentique version. Elle nous donne l'occasion de plonger dans les méandres du temps et de se retrouver à la porte du monastère où arrive le jeune Herman et ses parents...dans une époque lointaine où les croyances étaient encore très vives...
Le CODEX GIGAS existe bel et bien C'est l'ouvrage médiéval le plus imposant et le mieux conservé, considéré au Moyen Age comme la huitième merveille du monde. Son contenu originel est composé dans cet ordre : de l'alphabet en latin, en hébreu, en grec, en glagolitique et en cyrillique, de l'Ancien Testament, des Antiquités juives et de la Guerre des Juifs de Flavius Josèphe, de l'Etymologiae d'Isidore de Séville, des œuvres médicales d'Hippocrate, de Théophile et autres, du Nouveau Testament, de confessions, de l'illustration de la cité céleste, de la représentation du Diable, (incarnations violentes et sacrées pour exorciser la maladie et le démon ainsi que de formules magiques contre le vol, de la Chronica Boëmorum, de Cosmas de Prague, d'une liste des probables bienfaiteurs d'une communauté monastique locale, enfin du calendrier.
C'est un livre de 97 cm de hauteur, de 55 cm de largeur, de 22 cm d'épaisseur et qui pèse 75 kg, Il contient 313 feuillets de vélin, plus 8 manquants présentant la Règle de saint Benoît, retirés sans véritable explication. Il regroupe toutes les connaissances du XIIIè siècle, période de sa rédaction, estimée entre 1223 et 1230, écrit majoritairement en latin avec des passages en hébreu et en grec, avec des écritures typiques de la Bohême (République tchèque actuelle) qui sont les alphabets slaves glagolitique et cyrillique. Il présente une calligraphie incroyablement régulière.
On attribue le codex à un moine bénédictin du monastère de Podlazice en Bohême, Hermannus Inclusus qui l'aurait réalisé pour échapper la mort alors qu'il avait commis un péché si grave que ses supérieurs l'auraient condamné à mourir emmuré. Pour qu'on lui laisse la vie sauve, il aurait négocié en échange la création en une seule nuit du livre le plus complet existant. Convaincus de l'impossibilité à créer un tel ouvrage en si peu de temps, ses aînés acceptèrent... Mais le Codex Gigas fut rédigé et il eut la vie sauve. Personne ne sut pourtant comment il parvint à un tel exploit exploit ? Y aurait-il eu un pacte avec le Diable ?
Cet ouvrage a interpelé bien des experts qui ont été formels dans la conclusion où le Codex Gigas était l'oeuvre de la seule et même personne avec les mêmes pigments utilisés tout au long du manuscrit, l'analyse graphologique indiquant une calligraphie régulière. Le Codex Gigas s'est vu attribué le nom de Bible du Diable mais en serait-il un hommage ? L'enluminure de la feuille 290 recto présente le portrait du Diable mi humain, mi monstre, cornu, peau écaillée et pieds fourchus, vêtu d'un pagne en hermine, symbole de puissance, enfermé dans une cellule, voûté et seul, ce qui paraît pour le moins très inhabituel.
La Bible du Diable ne sauva pas pour autant Herman qui devint fou. Le Monastère de Podlazice fut ruiné. Les moines cisterciens de Sedlec, près de Prague convoitèrent alors l'ouvrage. Mais une fois qu'ils l'eurent acquis, la peste noire les décima les uns après les autres. L'ordre fut donné de remettre le Codex à son monastère en Bohême mais un autre monastère le racheta. Rodolphe II l'Empereur d'Autriche voulut le racheter pour sa collection personnelle mais il fut dès lors incapable de régner. C'est l'armée suédoise qui le volera pour l'offrir à la reine Christine. Elle aussi subira la malédiction car 10 ans plus tard, elle abandonne son trône pour se consacrer à Dieu. Le palais ne résistera pas non plus à un violent incendie. Un serviteur le jettera par une fenêtre et le sauvera des flammes. Depuis, le Codex Gigas est conservé à la Bibliothèque nationale de Stockholm, en Suède.
Voici un roman historique, à la fois curieux et intrigant, aux rebondissements en tout genre qui sait captiver le lecteur bien décidé à suivre l'aventure et à vouloir en connaître le dénouement final. Et que dire d' Herman le Reclus né un 20 janvier 1203 i, un jeune homme qui est amené par ses parents à la porte du monastère de Podlazice le 21 mai 1217...un jeune homme aux airs angéliques, auquel on donnerait le bon dieu sans confession, celui qui sera le rayon de soleil du monastère mais qui un jour soudainement sera capable de tuer et de passer un pacte avec le Prince des Ténèbres pour sauver sa vie. L'âme humaine emprunte parfois des chemins détournés et imprévisibles...
Extrait : La Bête se frotte les mains et insuffle toute sa puissance dans le jeune homme, qui convulse sous l'effet de la charge. L'action ne dure que quelques secondes et déjà, Herman se remet à l'ouvrage. Il remplit les feuilles les unes après les autres avec une exaltation qu'il n'avait jamais expérimentée auparavant. Il reprend la copie de l'Etymologiae d'Isidore de Séville, puis passe à l'Ars medicinae et ai Nouveau Testament. La confession des péchés s' étend sur six pages. Ecrite en grosses lettres sur deux colonnes colorées, Herman confesse ses péchés dans la pensée, la parole et l'action. Il s'adresse à Dieu, aux anges, aux patriarches, aux prophètes, aux apôtres et à tous les saints.''
EDITIONS SIBYLLINE
TOULOUSE
Les photos illustrant cet article sont de PIXABAY : KIRKANDMINI / ROTTEW77 / JIRICEK72 / GELLINGER / 2150 / FALCO /ANDRYS/STORES / MRS BROWN
